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Dans la foulée de sanglants événements qui avaient émaillé la chute du Shah et l’avènement du pouvoir des Ayatollahs en Iran, un professeur d’université iranien, que de jeunes révolutionnaires islamistes amenaient à la mort, fut sauvé in extremis par son ancien étudiant qui commandait le peloton d’exécution que l’enseignant ne reconnaissait plus. Témoignant sur ce drame, l’intellectuel iranien avait dit, nous citons : « La mémoire du cœur est la plus noble ». Avec les années, le professeur avait fini par oublier son étudiant. Mais l’inverse n’était pas le cas pour la simple raison qu’un geste banal autrefois posé par le professeur était autrefois tellement parti droit au cœur de l’étudiant qu’il ne pouvait jamais, malgré le temps passé, effacer de son esprit le visage de son bienfaiteur. C’est le cas pour notre modeste personne qui a difficile à oublier que ce sont les FAZ de Mobutu qui avaient fait que nous soyons, à peine sorti de l’adolescence, plutôt très bien considéré par la société, que nous allions étudier dans les meilleures écoles de l’Armée américaine que nous connaissions la merveilleuse expérience de participer à des contingents militaires internationaux etc.
C’est ainsi que, contrairement à certains anciens collègues ayant opté de cracher sur tout ce qui est FAZ et Mobutu plus par besoin de repositionnement politique que par convictions, la « mémoire du cœur » nous oblige de continuer jusqu’à ce jour à assumer notre passé avec fierté et responsabilité, contre vents et marées. Le fait que nous avions porté le même grade de capitaine pendant plus de sept ans, soit de 1990 à 1997, et étions resté sans fonctions pendant plusieurs années, sous le régime Mobutu, au moment où certains anti-mobutistes autoproclamés d’aujourd’hui se faisaient nommer au garde supérieur à titre exceptionnel et assumaient de hautes charges notamment à la Direction des Relations Extérieures du Ministère de la Défense, n’est pas suffisant pour nous amener à réfuter ce que les redoutables FAZ de Mobutu avaient fait pour que les fils et filles de ce pays connaissent plus de trois décennies de dignité nationale, de sécurité et de paix. C'est dans cette logique que nous rédigeons ce papier pour honorer la journée anniversaire des Forces armées qui ont autrefois fait la fierté du tout Grand Zaïre.
C’est au regard de tout ce qui se passe actuellement à l'Est de la RDC que nous pourrions comprendre pourquoi le Maréchal Mobutu avait autrefois pleuré à N'Sele. En bon visionnaire, l’homme voyait déjà de loin ce qui allait arriver à ses compatriotes après son départ du pouvoir. A l’époque des FAZ, nos frères militaires angolais étaient capables d’abandonner leurs positions à la frontière dès que les « militaires de Mobutu » en exercice d’entrainement s’y pointaient par inadvertance. Les kabilistes avec leurs FARDC ont poussé le ridicule jusqu’à accepter que des officiers congolais partent en stage en Angola et au Zimbabwe. C’est vraiment le monde à l’envers. Nous avions eu à œuvrer ensemble avec des collègues angolais dans la pacification du Congo-Brazza, en 1998, nous savons de quoi nous parlons. Nous savons quelle opinion ces derniers avaient des « FAZ de Mobutu ».
Ce sont les FAZ de Mobutu qui assuraient la formation des unités d’élites d’un bon nombre de pays de l’Afrique Subsaharienne. Bien plus, des officiers Américains et belges venaient se faire former par des instructeurs zaïrois au Centre Supérieur Militaire de Kinshasa/Ozone et au Centre d’Entrainement Commando de Kota Koli. En matière d’intelligence, l’Ecole Zaïroise, dont le SARM de Bosangue et Mayele était le principal pilier, était bien respectée par la CIA et le MOSSAD qui la consultait constamment.
De toutes les façons, si la paix n’est que le résultat de l’effet dissuasif que les forces de défense d’un Etat exercent sur ses potentiels agresseurs, comme le souligne le Prof. Claval, les pauvres Congolais ont vraiment de quoi s’inquiéter avec une armée nationale pouvant aligner jusqu’à 150 généraux pour quelques trois ou quatre brigades réellement organiques. Le comble en est notamment que le repli stratégique, au lieu d’être une exception tactique, est plutôt devenu la règle d’or des FARDC des KabilIstes. C’est ainsi que, à l’image de ce qui se passa autrefois à la Cité de la RTNC, des éléments FARDC dotés d’engins blindés et d’un armement bien sophistiqué sont capables de battre en retraite face à de minables civils exclusivement armés de machettes. Et pourtant, jusqu’à ce jour, ce ne sont pas des officiers de grande valeur qui manquent, même si un bon nombre est en train de périr mystérieusement à l’image de Moustapha Ndala et de Bahuma Lucien.
Il est vraiment temps que les kabilistes cèdent la place aux patriotes capables de restaurer le Grand Congo. Et c’est à l’opposition congolaise de faire un effort de taire momentanément ses divergences pour privilégier un travail en commun de sensibilisation des masses afin que le Congo emboite le pas à l’Egypte, à la Tunisie et au Burkina Faso. Que Dieu protège le Congo.
Faustin BOSENGE
Chercheur et essayiste
Coordonnateur de la NPDAC/ONG