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Depuis un certain temps, votre serviteur s’emploie à recourir, dans ses interventions, à de termes à consonances assez étranges comme « Congo-Zaïre », « Congo de l’Afrique » ou « Congo-Afrique ». Contrairement aux apparences, il ne s’agit pas du tout d’une divagation intellectualiste. C’est plutôt le résultat des convictions personnelles nous dictées par des résultats de certaines recherches qui nous ont amené à établir que ces trois appellations, ci-dessus mentionnées, véhiculent des concepts précis liés aussi bien aux fondements universalistes de la nation congolaise qu’à sa vocation de leadership développemental du continent, ainsi qu’à une mission du salut de l’ensemble du monde judéo-chrétien qui incombe au pays d’un Simon Kimbagu considéré par ses adeptes, à juste titre, comme le fondateur de l’« Eglise de Jésus-Christ sur la terre ».
Aujourd’hui, nous bornerons à solliciter l’attention de nos très aimables lecteurs sur quelques faits historiques et socioculturels avérés tendant à démontrer que les deux termes « Congo » et « Afrique » sont quasiment des synonymes.
Nous savons tous que c’est grâce à une très substantielle implication personnelle du Roi Léopold II que l’ancienne terra incognita du cœur de l’Afrique s’ouvrit à la civilisation judéo-chrétienne pour donner finalement naissance à l’Etat Indépendant du Congo, que ce sont des descendants d’esclaves noirs affranchis des Etats Unis et des Caraïbes qui constituèrent par la suite l’actuel Liberia et que c’est à la Conférence de Berlin que des puissances occidentales se convinrent sur le partage de l’Afrique.
Cependant, ce que nous pourrions perdre de vue, c’est que, créée en 1878 avec comme objectif principal l’abolition de l’esclavage et l’ouverture du continent africain à la « civilisation », l’Association Internationale Africaine (AIA) changea de nom, la même année, pour devenir carrément l’Association Internationale du Congo (AIC) et que, convoquées pour permettre aux puissances occidentales de procéder à un démembrement non-conflictuel de l’Afrique, ces assises internationales qui seront plus tard abusivement désignées par le terme « Conférence de Belin » avaient plutôt commencé par être appelées « Conférence de l’Afrique de l’Ouest » (en Allemand : Westafrika-konferenz) avant de devenir carrément la « Conférence du Congo » (en Allemand : Kongokonferenz).
Ce n’est pas tout. En 1820 déjà, soit plus d’un demi-siècle avant la convocation de la Conférence de Berlin et la création de l’Etat Indépendant du Congo à l’initiative du Roi des Belges, des descendants d’esclaves noirs affranchis qui partaient des Etats Unis et des Caraïbes pour créer l’actuel Libéria, voulant se différencier de leurs frères noirs restés en Amérique, se faisaient appeler « Africains », « Américano-Libériens » ou tout simplement des « gens du Congo » (Congo people). Ce sont eux qui ont par la suite constitué le groupe ethnique « Congo people» qui constitue actuellement les 2,5% de la population du Libéria. Et, il existe aujourd’hui au pays du célèbre footballeur Georges Weah des agglomérations nommées « Congo Town », « Matadi City » etc.
Et, c’est dans cette même logique d’une identité conceptuelle entre le pays « Congo » et le continent « Afrique » que le très inspiré Franz Fanon exprima sa célèbre image soulignant que : l’ « Afrique a la forme d’un revolver dont la gâchette est située au Congo. Il en est de même du légendaire révolutionnaire bolivien Che Gue Vara qui, voulant transposer sa révolution tiers-mondiste de souche cubaine en Afrique, ne trouva pas mieux que de s’établir au Congo alors qu’il pouvait bien réaliser son ambition à partir du centre mondial des toutes les révolutions tiers-mondistes de l’époque qu’était l’Algérie des FLN qui, en plus, lui était plus accessible et plus sécurisante que les montagnes de l’Est du Congo.
Dans le même ordre d’idées, un autre fait curieux est que, bien avant Franz Fanon et Che Gue Vara, aussi bien le Portugais Diego Cao que le Franco-italien Savorgnan de Braza, l’Américain Morton Stanley et le Britannique Sir David Livingstone, dans leurs quêtes respectives d’explorer la terra incognita de l’Afrique, eurent tous à converger, comme par instinct, leurs axes de progression en direction de l’actuel Congo-Zaïre.
C’est pareil au plan musical. Lorsque les gens épiloguent sur des rythmes « Afro-beat », en réalité, ils ne font pas moins implicitement allusion aux simples sons et rythmes dérivés du « Soukous » de Franco, du « Ndombolo » des jeunes gens de Wenge Musica et de Pépé Kallé, ainsi que du rythme « Tchatcho » de Koffi Olomide qui ne sont que de simples émanations des musiques traditionnelles des terroirs du Congo profond que les autres artistes-musiciens de la Cote d’Ivoire, du Nigéria, du Sénégal, de la Tanzanie, de l’Afrique du Sud etc., copient en toute légitimité, en leurs qualités de « gens du Congo», nous voulions dire d’« afro-congolais ».
Et, c’est en vertu de cette logique atavique d’afro-congolisme que le fait de dire à un Congolais de Kinshasa qu’une telle personnalité politique de premier ordre est un étranger ne lui signifierait pas du tout grand-chose. A titre illustratif, il y a lieu de noter que, dans la deuxième moitié des années 60, des mauvaises langues soutenaient des origines centrafricaines du nouveau Président Mobutu sans que cette situation ne pose un problème d’Etat. Et lui même ne s’offusqua pas du tout de garder pendant plusieurs années un sujet rwandais, Mr Bisengimana Rwema, à un poste aussi stratégique que celui de Directeur de Cabinet de la Présidence de la République. Nous ne revenons pas sur la problématique de la nationalité douteuse, à tort ou à raison, de l’actuel locataire du Palais de la Nation qui n’a jamais ému outre mesure les Congolais. Il en fit pareil lorsque M’Zee Laurent Désiré Kabila nomma, en 1997, un officier général en actif de l’Armée rwandaise comme Chef d’Etat-major de l’Armée congolaise.
De notre mémoire de kinois (habitant de Kinshasa), nous n’avons jamais personnellement entendu un seul jour un Congolais de Kinshasa dire à un expatrié africain ou même non-africain: « ici ce n’est pas chez vous ». Ils ne savent pas intérioriser la différence entre un national et un étranger. Si jamais ils pouvaient nous lire, en tant que chercheur, nous serions heureux d’avoir des opinions sur la question de ces « gens du Congo » que sont les deux virtuoses Manu Dibango et Sam Mangwana, ainsi que les Edo Nganga, Michel Boybanda, Youlou Mabiala, Loko Massengo Checain et autres qui ont eu à évoluer à Kinshasa dans un milieu aussi conflictuel que celui de la musique.
Et, c’est dans cette même logique atavique d’afro-congolisme que les Congolais de Kinshasa ont tendance à se comporter à Brazza, Luanda, Abidjan, Lomé, Johannesburg etc., comme s’ils étaient chez eux. Il s’agit-là tout simplement de certaines manifestations subconscientes de cette essence afro-universaliste de la nationalité congolaise, nous voulions dire de cette identité de « gens du Congo» qu’ils partagent naturellement avec tous les autres Africains.
Voila quelques-uns des arguments établissant cette identité conceptuelle méconnue entre les deux termes de « Congo » et d’ « Afrique » qui nous a permis d’inventer cet autre concept d’ « afro-congolisme » que nous estimons de loin préférable à celui de « panafricanisme » qui ne sous-entend pas moins l’idée de réunir des Etats africains artificiellement créés par des puissances occidentales, à Berlin, en 1885, en dépiécant la grande nation-mère du « Congo-Afrique » (Westafrika ou Kongo).
Dans les années 70, beaucoup de gens trouvaient un peu exagérée l’affirmation d’Alain Peyrefitte selon laquelle le monde tremblera lorsque la Chine se réveillera. Nous disons que l’Afrique fera un bond miraculeux sur le sentier du développement et l’actuelle déperdition du monde judéo-chrétien s’estompera lorsque le Congo-Zaïre se réveillera. C’est pourquoi, aussi bien des Africains (gens du Congo) que les autres citoyens du monde ont tout intérêt à aider ce pays à s’extirper de son enfer actuel. Nous reviendrons prochainement sur l’aura historique et spirituelle que véhicule le concept de « Congo-Zaïre ».
Dans la prochaine parution de la Chronique de la NPDAC/ONG, nous nous appesantirons, en citant des sources, sur nos affirmations selon lesquelles rien que les ressources minières recensées du Congo-Zaïre valent plus de 24.000 milliards de dollars, soit plus que toutes les réserves pétrolières de l’Arabie Saoudite chiffrées à 18.000 milliards de dollars et plus que les richesses nationales (PIB) réunies des Etats Unis et de toute l’Europe Occidentale.
Merci de bien vouloir faire à votre serviteur l’honneur et le plaisir de nous lire régulièrement dans notre page facebook Editions Le Palmier Equatorial.
Faustin BOSENGE
Chercheur et essayiste
Coordonnateur de la NPDAC/ONG