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Intervenant lors des travaux du sommet mondial sur le réchauffement climatique de Rio de Janeiro au Brésil, un membre de la délégation congolaise s’illustra négativement en affirmant en substance que la forêt congolaise était la plus grande du monde, ce qui fit se regarder des gens du domaine présents dans la salle qui savaient que c’était plutôt la forêt de l’Amazonie au pays du Roi Pelé qui détenait ce record, celle du bassin du fleuve Zaïre ne venant qu’en deuxième position. Notre expert pseudo-kabiliste aux connaissances approximatives voulait plutôt dire que son pays abritait la plus grande réserve forestière du monde, en l’occurrence le Parc national de Salonga, dans la Province de l’Equateur, patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le Congo-Zaïre n’est pas seulement un scandale géologique. C’est aussi ce scandale touristique qui fut longtemps l’une des destinations les plus privilégiées du tourisme mondial jusqu’à ce que, du fait l’incapacité notoire du pouvoir en place à sauvegarder l’intégrité du territoire national, il soit devenu aujourd’hui le sanctuaire par excellence de tous les groupes rebelles de la Sous-région des Grands Lacs.
Les débuts de l’implantation de l’industrie touristique congolaise remonte, en avril 1925, avec la création du Parc Albert, l’actuel Parc de Virunga, le plus ancien du continent, par le naturaliste américain Carl Akeley à l’époque très émerveillé par la richesse de la biodiversité locale. L’Institut Zaïrois pour la Conservation de la Nature (IZCN) entretenait autrefois 8 parcs nationaux, 25 réserves forestières et 38 domaines de chasse, soit un espace couvrant le dixième du sous continent zaïrois où affluaient annuellement des centaines de milliers de touristes venant de partout à travers le monde pour y admirer une faune et une flore dont la grande majorité des espèces ne se trouve nulle part ailleurs sur la terre des hommes.
En effet, l’ancienne Terre d’Eden de la Bible abrite la plus grande richesse en biodiversité de la planète qui fait qu’elle soit, en plus d’un paradis pour touristes, un très merveilleux laboratoire scientifique unique au monde par son genre, par ailleurs très fréquenté par des primatologues, volcanologues, botanistes, pharmaciens, zoologistes et des chercheurs de tant d’autres domaines des sciences naturelles venant de partout à travers le monde. Qu’il nous soit permis ici une petite digression pour relever que le village d’origine de votre serviteur est riverain à la fois de la réserve des Bonobos de Kokolopori, la seule qui existe sur la planète, et de la réserve scientifique de Luo que dirige avec brio le chercheur en biodiversité Albert Lotana Lokasola, un frère cadet et élu national du territoire de Djolu.
C’est ainsi que notre modeste personne s’estime en droit de penser qu’elle est d’une ascendance parentale qui prend ses racines à l’épicentre de la Terre d’Eden. Toutes nos excuses pour cette dérive à la fois personnaliste et spirituelle.
En revenant à l’actuelle totale déliquescence d’une industrie touristique congolaise qui faisait autrefois la fierté du Congo de l’Afrique, nous ne pourrions nous empêcher de relever cette très triste réalité que la plupart de très merveilleux sites touristiques congolais, à l’image de l’habitat des familles de gorilles de montagne du Parc National de Virunga, qui n’étaient autrefois accessible qu’aux touristes capables d’y dépenser des milliers de dollars au profit de l’industrie touristique nationale, sont plutôt devenus aujourd’hui des domaines de chasse des membres des groupes armés étrangers qui vont jusqu’à en interdire l’accès aux forces gouvernementales.
Pis encore, au même moment qu’elle se fait complice du détournement du pétrole congolais du littoral atlantique et du Lac Albert par des pays voisins, vocation de destruction méchante du patrimoine national du Congo-Zaïre obligeant, la médiocratie pseudo-kabiliste ne trouve pas mieux que de s’empresser d’octroyer à de compagnies occidentales des permis d’exploitation les habilitant à mener des prospections sur une superficie de plus de 80% du Parc de Virunga, c’est-à-dire à y ajouter d’autres actes d’agressions humaines de la faune et flore à ceux jusqu’alors perpétrés par les FDLR et autres groupes armés.
En effet, une grande partie du plus précieux des parcs nationaux congolais qu’est le Parc de Virunga est actuellement sous contrôle exclusif des rebelles Hutus rwandais qui y coupent des arbres, y brulent du bois pour fabriquer du charbon à commercialiser et y pratiquent la chasse sur des populations des gorilles de montagne qui, fuyant toutes ces agressions armées et autres traumatismes, ont traversé les frontières pour se refugier respectivement dans le Parc national rwandais des Volcans et le Parc national ougandais de Mgahinga où ils attirent quotidiennement de nombreux touristes occidentaux dont chacun se doit de débourser la bagatelle de 450 dollars pour les approcher.
Or, avec ses 8 parcs nationaux aux faunes, flores et paysages de rêve, dont cinq sont classés comme des patrimoines mondiaux par l’UNESCO, 25 réserves forestières dont la réserve des Okapis d’Epulu, la réserve des primates de Kisimba-Iboko, la réserve des gorilles de Tayna, la réserve des Bonobos de Kokolopori et la réserve scientifique de Luo, l’industrie touristique congolaise est capable, comme autrefois pendant le régime Mobutu, de permettre à l’Etat congolais de majorer très substantiellement son actuel modique budget annuel de quelques six milliards de dollars qui n’a aucune commune mesure avec celui de l’Angola voisin qui, tout en ayant pas les mêmes immenses potentialités que le Congo-Zaïre, n’avoisine pas moins la soixantaine de milliards dollars.
Une fois de plus, c’est ici pour nous l’occasion de revenir sur la triple conditionnalité entre le retour de la paix et stabilité, l’afflux des investissements et capitaux frais aux pays et une reprise socio-économique conduisant à la reconstruction national qui constitue la quintessence de la question congolaise laquelle aussi bien le Gouvernement 1+4 que les cabinets Gizenga, Muzito et Matata Mpoyo sont tous passés à coté.
Or, c’est exactement le genre d’équations que les pouvoirs en place à Kigali et à Luanda ont réussi à résoudre, c’est exactement ce que le successeur de Joseph Kabila doit réussir à résoudre pour que les Congolaises et Congolais voient enfin le bout du tunnel.
C’est ainsi que nous sommes de ceux qui pensent que, si jamais, en 2016, les électeurs congolais se permettaient de voter pour un candidat qui sera incapable de s’assumer dans un leadership militaro-sécuritaire qu’exige la résolution de la très complexe et épineuse question de la pacification de l’Est du pays et de l’accomplissement d’une réforme du secteur de sécurité congolais dont dépend foncièrement la formation d’une armée nationale républicaine et dissuasive, Joseph kabila et sa médiocratie pseudo-kabiliste seront beau partis, le pays sera toujours considéré comme non-propice aux affaires par des investisseurs. Et, faute de mieux, ces derniers continueront à préférer s’établir au Rwanda, en Ouganda et en Angola. Moralité, ces trois voisins de notre pays se consolideront davantage dans leurs processus de développement alors que le grand Congo-Zaïre, avec toutes ces immenses potentialités du sol et sous-sol, s’enlisera, de plus en plus, dans le sous-développement et la pauvreté.
C’est aux Congolais de sauver le Congo, en 2016, en empêchant à Malu Malu de récidiver les hold-up électoraux de 2006 et 2011 après s’être choisi un bon futur Commandant Suprême au lieu de se contenter de voter la province ou l’ethnie, la fortune personnelle ou une renommée professionnelle d’un candidat totalement novice dans le domaine de la défense et sécurité. La raison simple en est que la très complexe et délicate équation à résoudre par le successeur de Joseph Kabila est fondamentalement militaro-sécuritaire.
Faustin BOSENGE
Chercheur et essayiste
Coordonnateur de la NPDAC