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Après la proclamation de Felix Tshisekedi comme Président de la RDC suite aux élections de décembre 2018, en date du 27 février 2019, la présidence a publié « un programme d’urgence pour les 100 premiers jours du Chef de l’Etat ».
Ce programme englobe plusieurs actions à réaliser dans le 100 jours par le nouveau pouvoir qui se situent dans plusieurs secteurs de la vie nationale dont Route, Santé, Education, Habitat, Energie, Transport, Agriculture-Pêche et élevage et autres .
A la question de savoir si ce programme d’urgence serait considéré comme politiques publiques ou actions publiques, sa configuration ne se conforme ni à l’un ni à l’autre pour être qualifié de tels. Ceci, se justifie par des points qui suivent.
II.1. Pas d’objectif global pour le programme
Le programme ne dispose d’aucun objectif global qui doit caractériser toute politique publique ou action publique. On ne voit pas quel est le problème majeur que le programme veut résoudre. Pour chaque secteur, on trouve un ensemble d’objectifs spécifiques énoncés, souvent sans cohérence et lien, au seul but de justifier les actions prévues dans ce secteur. En outre, les objectifs spécifiques des différents secteurs, non plus, ne sont pas cohérents pour au moins justifier leur choix et montrer l’espoir d’atteindre des résultats escomptés. Des actions sont épinglées et rassemblées provenant de plusieurs secteurs sans qu’il y ait une cohérence ni continuité entre-elles.
II.2. Processus flou d’élaboration et légitimation limitée
La participation de divers acteurs étatiques et non-étatiques, comme l’oblige la gouvernance dans le processus d’élaboration des politiques et actions publiques, n’a pas été requise pour le programme de 100 jours.
Un programme qui parait avoir été rédigé par la seule présidence sans intégrer les autres parties prenantes actives, pourtant importantes pour sa réalisation.
Le même défaut se présente au niveau de sa légitimation : en effet le programme de 100 jours n’a ni bénéficié de l’appropriation par le gouvernement en place, bien que démissionnaire, mais pure encore, il n’a pas été ni discuté ni adopté par le parlement pourtant représentant du peuple.
II.3. Mise en œuvre biaisée et périodicité courte
La mise en œuvre du programme laisse à vouloir : le programme ne donne pas de précisions sur les stratégies de mise en œuvre des actions quant aux responsables spécifiques de réalisation et aux sources de ressources y affectées.
Le délai prévu de 100 jours est trop petit pour comprendre la réalisation certaines actions dont la construction des bâtiments, des routes, l’aménagement des centrales hydroélectriques…qui demandent plusieurs mois si pas des années pour être achevés.
II.4. Pas de mesures de suivi et d’évaluation
Le programme ne prévoit aucun mécanisme pour le suivi des activités sur le terrain et l’évaluation après le délai imparti (100 jours).
Ni le gouvernement, ni le parlement, moins encore les services techniques et administratifs de l’Etat, ou même les autres acteurs (société civile, partenaires…) ne sont pas associés dans le processus pour mesurer le niveau de réalisation du programme.
De ce qui précède, le « programme d’urgence pour les 100 premiers jours du Chef de l’Etat » ne peut être considéré ni comme une politique publique ni come une action technique compte tenue de leurs caractères et critères auxquels il pèche.
En fait, ce programme peut être qualifié d’une « action politique », du fait qu’il constitue juste des ambitions d’actions pour le Chef de l’Etat sans comporter en soi une quelconque redevabilité mesurable vis-à-vis du peuple et de la nation.