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LE CONGO-ZAIRE A DEJA REFORME SON SECTEUR DE SECURITE SANS UNE SUPERVISION INTERNATIONALE (Chronique de la NPDAC/ONG)

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Lorsque le Général Mobutu prit le pouvoir, le 24 novembre 1965, la déliquescence du secteur de sécurité congolais était tel que la fameuse Sûreté Nationale du pouvoir central à Léopoldville, l’actuelle Kinshasa, n’exerçait aucun contrôle sur les territoires de deux Etats sécessionnistes du Katanga avec sa Gendarmerie Katangaise de 10.000 hommes et du Sud-Kasai avec une armée locale de quelques 3.000hommes. Ce fut pareil dans la Province Orientale et au Kivu où des rebellions d’Antoine Gizenga, Gaston Soumialot et Gbenye Christophe entretenaient respectivement une dizaine de milliers d’hommes. S’étant exclusivement appuyé sur des compétences nationales, notamment des jeunes universitaires comme Mokolo wa Mpombo, Seti Yale et Nkema Iloo, ainsi que de hauts cadres militaires très expérimentés comme le Colonel Singa Boyenge, le Colonel Tukuzu Gusu Wo et le Lieutenant-Colonel Efomi ; le nouveau Président Mobutu entreprit toute une série d’innovations au sein des services de sécurité et de l’Armée qui, portant essentiellement sur une décolonisation du secteur de sécurité congolais qui devait normalement intervenir en 1960, aboutirent à la création du Centre National de Documentation (CND) et des Forces Armées Zaïroises (FAZ).

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Une très vicieuse particularité du processus de paix congolais est qu’autant, depuis les Accords de Lusaka de 1999 jusqu’aux dernières Concertations Nationales, en passant par le Dialogue inter-Congolais de Sun City, la Conférence Internationale sur la Paix et Sécurité dans les Grands Lacs et le plus récent Processus de Kampala, il est chaque fois préconisé en substance que l’accomplissement de la réforme du secteur de sécurité congolais est la condition sine qua non d’une résolution structurelle de la très complexe et épineuse équation sécuritaire congolaise - avec ses principaux trois termes que sont la formation d’une armée nationale républicaine et dissuasive, la neutralisation des groupes armés étrangers présents à l’Est du pays et la restauration de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire national, - autant la mise en œuvre de ladite réforme est constamment restée un simple vœu pieux.

Dans cette optique, il y a lieu de noter que de même chacun des différents cabinets qui se sont succédés à la Primature de 2003 jusqu’à ce jour avait la prétention de pouvoir solutionner cette problématique de la sécurité nationale congolaise telle que ci-dessus circonscrite, autant ils sont tous passés à coté de leurs objectifs pour la simple raison que, depuis lors, aussi bien des officiels, politiques et acteurs de la société congolais que des décideurs de la communauté internationale, tout le monde se complait à prôner une incontournabilité de l’accomplissement de la réforme du secteur de sécurité congolais dans le processus de paix en cours sans pour autant définir ses contours conceptuels, approches opérationnelles et aspects techniques. Moralité : la gouvernance sécuritaire de l’Etat congolais est constamment demeurée une simple navigation à vue avec son inévitable cohorte d’essais et erreurs, d’impasses à répétition et de stériles recommencements auxquels nous assistons.

C’est ainsi que, dans le cadre de sa chronique de sensibilisation aussi bien des élites congolaises que d’autres afro-congolais et citoyens du monde désireux du retour de la paix et stabilité dans le creuset du développement de l’Afrique qu’est le Congo-Zaïre, la NPDAC/ONG a choisi de s’appesantir aujourd’hui sur le fait que notre pays a déjà eu à réformer plusieurs fois, avec beaucoup de dextérité, en s’appuyant exclusivement sur des compétences nationales, son secteur de sécurité, en vue de l’adapter au profil de la menace à la paix et sécurité nationale. Les 32 ans de paix et stabilité qui caractérisèrent le règne de Mobutu n’étaient qu’un un résultat logique d’un effort permanent d’une judicieuse mise à contribution d’une expertise nationale de haute facture dans un management rationnel de la défense nationale.

En effet, une esquisse de la genèse du système de défense du Congo-Zaïre nous amènerait à remonter le cours de l’histoire nationale jusqu’en 1885 lorsque, sur instruction du très entreprenant Roi Léopold II, à qui la Conférence de Berlin venait de confier la tutelle de l’Etat Indépendant du Congo, l’officier belge Camille Coquilath mis sur pied une force militaire et de police appelée « Force Publique », laquelle était chargée d’assurer la sécurité et l’ordre public dans le nouveau territoire. Elle avait comme troupes, en ses débuts, d’anciens esclaves zanzibarites, des Sierra Léonais, Nigérians etc., lesquelles étaient commandées par des officiers et sous-officiers belges et d’autres nationalités européennes. C’est en à 1886 que des indigènes congolais furent incorporés pour la première fois au sein de la Force Publique.

Alors qu’il accompagnait Stanley, en tant que son adjoint dans une nouvelle expédition pour l’exploration du cours supérieur du fleuve Congo, Camille Coquilath recevra de ce dernier, le 8 juin 1883, l’ordre d’implanter un établissement colonial aux environs du village de Wangata, lequel devint plus tard la station coloniale de l’Equateur et finalement la ville de Coquilathville, l’actuelle Mbandaka. Dans la foulée d’un pacte de sang qu’il venait de conclure avec Mata-Boiké, le Chef des Bangalas, après avoir intervenu en sa faveur dans un conflit qui l’opposait à ses rivaux qu’étaient Nyamalembe, le Chef des Mabalis et Mata Mopinza, le Chef des Mpombos, Camille Coquilath se fera remettre par son ami neuf redoutables guerriers pour renforcer la petite équipe de soldats zanzibarites qui assurait la protection des membres de l’expédition. Ces neuf jeunes Bangalas constituèrent le tout premier noyau des soldats indigènes de la Force Publique.
Grace à d’autres recrutements opérés dans la contrée, l’officier belge fera monter en puissance le petit détachement d’indigènes de la Force Publique au point de la doter, en 1887, de toute une compagnie opérationnelle constitués exclusivement des Congolais. C’est l’efficacité sur terrain de ces guerriers Bangalas qui convint les autorités coloniales de ne plus recruter des Zanzibarites, Haoussas, Sierra Léonais et autres expatriés. Les riverains Bangalas étant devenus majoritaires sous le drapeau, des officiers belges furent contraints d’adopter leur dialecte (Lingala) comme langue de commandement et de communication au sein de l’Armée coloniale alors que des tribus implantées dans la zone correspondant à la future Province de l’Equateur s’arrogèrent pendant longtemps le monopole de fournir des contingents de la Force Publique.

C’est ce qui expliquait notamment que, lorsque la recrue Joseph Désiré Mobutu était incorporée à la Force Publique, en 1949, sur les six « gradés d’élite » indigènes qu’il y trouva (Bobozo, Nzoigba, Bosango, Ingila, Itambo et Nyamaseko), cinq étaient des orginaires de la Province de l’Equateur. C’est pour dire que l’affirmation selon laquelle c’est Mobutu qui « équatorisa » l’Armée nationale est très approximative. Bien au contraire, il fut celui qui en diversifia sensiblement les origines des hauts cadres. A titre illustratif, il y a lieu de retenir que lorsque le Premier Ministre Lumumba désigne son ancien secrétaire particulier Mobutu comme Colonel et Chef d’Etat-Major de l’Armée Nationale Congolaise, les trois quarts des membres du Haut-Commandement Militaire que ce dernier y trouve étaient des ressortissants de la Province de l’Equateur.

Par contre, au moment de ce qu’on appela le « Coup d’Etat manqué » de 1977, l’Etat-Major Particulier du Chef de l’Etat était plutôt constitué quasi exclusivement des Katangais, Kasaïens et des Kivutiens.

Ce n’était qu’une nième parenthèse que nous refermons pour revenir à cette nième contre-vérité de l’histoire militaire du Congo-Zaïre tenant du fait que, pour le commun de mortels, la simple évocation du terme « Force Publique » fait automatiquement penser au Général belge Emile Janssens dont le fameux slogan « avant l’indépendance=après l’indépendance » aurait été la cause principale de la vague de mutineries qui secoua toutes les garnisons militaires du nouvel Etat indépendant.

A ce propos, une vérité historique soigneusement occultée par le « petit de confiance » de Patrice Lumumba et son ancien secrétaire particulier Mobutu est que cette grogne au sein de la nouvelle Armée nationale était plutôt liée à une gestion financière peu orthodoxe du nouveau Premier Ministre. Sans vouloir revenir sur certaines de nos précédentes affirmations y relatives, nous relèverons tout simplement ici que, dans son ouvrage intitulé « Patrice Lumumba : La Crise Congolaise Révistée » paru aux Editions Karthala, en 1999, Jean Claude Willame rapporte que, au lendemain de l’éclatement de la mutinerie de la Force Publique, soit le 8 juillet 1960, une délégation de soldats mutins que le Président Joseph Kasa-Vubu reçut à la cantine du camp Léopold II, l’actuel Camp Kokolo, signifia clairement à ce dernier que leur problème était que la gestion du portefeuille de la Défense Nationale ne soit pas placé sous l’autorité du Premier Ministre Lumumba.

C’est ainsi que, en guise de parade à cette très inquiétante perspective d’un discrédit personnel, ce dernier s’empressa de décider, au cours d’un Conseil de Ministres convoqué un peu à la sauvette, de l’africanisation des cadres d’une nouvelle Armée nationale qui naissait ainsi dans un total cafouillage des cendres de la Force Publique. Menée sans aucune planification préalable et visant tout simplement à atténuer tant soit peu le mécontentement de la troupe, cette atypique démarche du nouveau Premier Ministre ne l’amena pas moins à révoquer le très professionnel Général belge Emile Janssens, à bombarder le brave civil Victor Lundula, un notable de sa tribu et ancien Bourgmestre de la ville de Jadotville au Katanga, du grade de Général et de la fonction de Commandant en Chef de l’Armée, à désigner le dépositaire de ses secrets personnels Joseph-Désiré Mobutu, un ancien sergent de la Force Publique, comme Chef d’Etat-Major de l’Armée et à confier à un de ses proches, Maurice Mpolo, le portefeuille de la Défense.

Comme il fallait s’y attendre, ce fut une reprise et l’expansion des mutineries à travers tout le pays, en commençant par le Camp Massaert à Elisabethville, l’actuel Camp Vangu à Lubumbashi. Dans la même journée, ce fut la proclamation de l’indépendance du Sud-Kasaï par Albert Kalonji. Deux jours plus tard, c’était Moïse Tshombé qui annonçait une sécession du Katanga ayant eu la particularité d’inaugurer une longue période de chaos généralisé que le nouvel Etat connut de 1960 à 1965.

Lorsque le Général Mobutu prit le pouvoir, le 24 novembre 1965, la déliquescence du secteur de sécurité congolais était tel que la fameuse Sûreté Nationale du pouvoir central à Léopoldville, l’actuelle Kinshasa, n’exerçait aucun contrôle sur les territoires de deux Etats sécessionnistes du Katanga avec sa Gendarmerie Katangaise de 10.000 hommes et du Sud-Kasai avec une armée locale de quelques 3.000hommes. Ce fut pareil dans la Province Orientale et au Kivu où des rebellions d’Antoine Gizenga, Gaston Soumialot et Gbenye Christophe entretenaient respectivement une dizaine de milliers d’hommes.
S’étant exclusivement appuyé sur des compétences nationales, notamment des jeunes universitaires comme Mokolo wa Mpombo, Seti Yale et Nkema Iloo, ainsi que de hauts cadres militaires très expérimentés comme le Colonel Singa Boyenge, le Colonel Tukuzu Gusu Wo et le Lieutenant-Colonel Efomi ; le nouveau Président Mobutu entreprit toute une série d’innovations au sein des services de sécurité et de l’Armée qui, portant essentiellement sur une décolonisation du secteur de sécurité congolais qui devait normalement intervenir en 1960, aboutirent à la création du Centre National de Documentation (CND) et des Forces Armées Zaïroises (FAZ).

En effet, au niveau de la Sécurité d’Etat, il y eut la création, en 1971, d’un Centre National de Documentation articulé en deux départements (intérieur et extérieur) avec comme attributions : - La sécurité du territoire ; - Les renseignements politiques, économiques et socioculturels liés à la sureté nationale ; - L’identification des citoyens ; - La police des frontières et des étrangers; - L’immigration et l’émigration ; - La lutte contre la criminalité et la liaison avec l’Interpol.

En 1976, ce fut une création du Centre National d’Intelligence (CNI) dont l’innovation était qu’il fusionnait les deux départements intérieur et extérieur du défunt CND. En 1979, fut créé le Conseil National de Sécurité (CNS) directement rattaché à la Présidence de la République et dont le Conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité était le Secrétaire Général. Le CNS était constitué du : Président de la République, du Premier Commissaire d’Etat (Premier Ministre), Commissaire d’Etat (Ministre) des Affaires étrangères, Commissaire d’Etat à l’Administration du Territoire (Intérieur), Secrétaire d’Etat à la Défense, du Chef d’Etat Major des FAZ, du Chef d’Etat Major de la Gendarmerie Nationale, de l’Administrateur Général du CND rénové, du Commandements Division Spéciale Présidentielle (D.S.P.), du Chef d’Etat-Major du Service d’Action et de Renseignements Militaires (SARM) et du Président General de la Garde Civile.

Au niveau de l’Armée, le nouveau pouvoir de Léopoldville entreprit un excellent processus DDR qui permit à certains anciens gendarmes katangais et éléments d’anciennes factions rebelles d’intégrer l’Armée Nationale Congolaise.

Il y eut aussi une réorganisation du dispositif général de défense qui aboutit à l’implantation de sept Groupements militaires, disposant chacun de trois bataillons d’infanterie, d’un bataillon de gendarmerie et d’une unité logistique, respectivement dans la Ville de Kinshasa, au Katanga, dans la Province Orientale, au Kasai-Occidental, dans le Kivu, à l’Equateur et dans le Bas-Congo ; ainsi que la création de la Division des Troupes Aéroportées Renforcées et de Choc (DITRAC).

En 1975, il fut opéré une restructuration des FAZ portant sur la dissolution de la DITRAC, la création de la Division Kamanyola, d’un régiment blindé et d’un bataillon d’infanterie mécanisée, ainsi que de trois nouvelles unités qui s’ajoutaient aux quatorze bataillons d’infanterie qui existaient déjà. En 1979, les sept groupements militaires furent dissouts au profit d’une implantation de trois Régions Militaires contrôlant respectivement les secteurs de défense Est (Province Orientale et Kivu), Ouest (Equateur, Kinshasa et Bas-Zaire) et Sud (Katanga et les deux Kasais).

A partir de 1980, il fut crée toute une série de corps militaires aux structures et missions vairées comme la Division Spéciale Présidentielle (DSP), la 31ème Brigade Parachutiste, la 21ème Brigade Léopards, la 41ème Brigade Commando de Choc, la 1ère Brigade Blindée et la 13ème Brigade d’Infanterie. Il nous parait important de relever ici que, contrairement à ce qui se passe aujourd’hui avec des brigades entières surgissant de nulle part à la faveur des « brassages » et « mixages » opérés sans aucune base conceptuelle, aucune de toutes ces unités, ci-dessus mentionnées, ne fut constituée en un seul coup. La DSP avait d’abord commencé comme une simple compagnie de sécurité présidentielle avant de devenir par la suite la Brigade Spéciale Présidentielle (BSP). Il en est de même de la 31ème Brigade Parachutiste qui s’était développée à partir du 311ème Bataillon Parachutiste, nous avons cité le fameux « Bataillon Héros » de Kolwezi.

A la lumière de tout ce qui précède, nous voyons que la très logue période de paix et stabilité que le Congo-Zaïre connut de 1965 à 1997, ne procédait pas du tout d’une génération spontanée. Contrairement à l’actuelle manie de la médiocratie pseudo-kabiliste de tout attendre des Nations Unies, de l’Union Européenne et des ONG’s internationales, tous ces très complexes processus de restructuration de la défense nationale entrepris pendant la Deuxième République étaient menés dans le cadre du fonctionnement normal du Gouvernement qui se basait exclusivement sur des compétences nationales en la matière, soient les meilleures de l’Afrique subsaharienne.

De nos jours, il n’y a pas lieu de s’attendre à des performances similaires dès lors que, le pouvoir pseudo-kabiliste a établi toute une culture de médiocratie voulant qu’un modeste infirmier de niveau A3 ou un simple officier de police judicaire n’ayant jamais commandé même une petite section de 10 hommes pouvait être bombardé du grade de Général et se voir confier le Haut-Commandement de l’Armée nationale. Pis encore, le management de la paix et sécurité étant le domaine qui intéresse le plus des bailleurs de fonds internationaux; tous les défenseurs des droits de l’homme et des travailleurs dans l’humanitaires ont vite entrepris de s’autoproclamer des expert des questions de défense et sécurité. Et ce sont eux qui occupent les premières loges de ces ONG’s internationaux d’où ils en interdisent avec beaucoup d’assiduité l’accès aux véritables spécialistes du domaine.

C’est ce qui fait que, faute de projets d’intervention crédibles, des fonds mobilisés par la communauté internationale sont quasi exclusivement dépensés en termes de gros salaires et frais de missions de nos braves « experts » pour des résultats quasi nuls. Le cas de la Police Nationale Congolaise nous offre une belle illustration de cet immense gâchis.

En effet, c’est depuis bientôt dix ans que fonctionne un Comité de Réforme de la Police Nationale qui, en dépit du fait qu’il jouit d’un colossal budget annuel de plusieurs millions de dollars, n’est pas capable de fournir à l’Etat congolais mieux que des policiers prêts à tirer à balles réelles à la moindre gesticulation des manifestants. Il en fut de même de la très budgétivore CONADER qui ne pouvait pas faire mieux que de mettre à la disposition des FARDC des unités « brassées » ou « mixées », soit la pire des choses qui puisse arriver à une armée nationale aspirant à devenir républicaine et dissuasive.

Bien avant ces turpitudes de la CONADER, dès la mise en place du Gouvernement 1+4, en 2003 , un très folklorique Ministre de la Défense improvise un voyage en Belgique où il signe avec des autorités belges des accords de coopération militaire sans penser à la nécessité d’élaborer une politique de défense sensée guider l’ensemble de l’action sécuritaire du Gouvernement. Et, il ne le fit jamais. En 2006, dans leurs discours de campagne respectifs, chacun de deux candidats aux présidentielles, Joseph Kabila et Jean Pierre Bemba, se prévalait des capacités de mettre définitivement fin à l’insécurité à l’Est du pays sans pourtant dire comment ils comptaient y procéder. A leur entrée en fonction, les cabinets Gizenga et Muzito brandirent les mêmes agendas de pacification de la partie orientale du pays sans pour autant disposer d’une simple stratégie de sécurité nationale. Nous saluons ici l’honnêteté intellectuelle de Mr Matata Ponyo qui ne s’hasarde pas beaucoup sur ce terrain, certainement conscient de ses limites en la matière.

Maintenant qu’il est question d’une absolue nécessité d’implémentation d’une alternance au sommet de l’Etat, force est de constater que les débats semblent malheureusement se focaliser, comme de coutume, sur des têtes des individus au lieu de porter sur des projets de société.
A notre humble avis, fonctionnaires, politiques, acteurs de la société civile et autres élites congolaises ne devraient pas perdre de vue que, devenu une discipline scientifique qui s’enseigne à l’université et dans de hautes études de défense et stratégies, le management de la défense et sécurité procède d’un ensemble de principes et schèmes organisationnels qui doivent impérativement fonder la gouvernance sécuritaire de tout Etat qui aspire à certains résultats.

Nous ne sommes plus à l’époque de la Force Publique de l’administrateur colonial Camille Coquilath ou de l’ANC du Premier Ministre Lumumba où tout pouvait être laissé à l’improvisation et à l’amateurisme avec toutes les conséquences très fâcheuses que le pays a connues de 1960 à 1965.
De toutes les façons, il n’y a pas lieu de s’attendre à des miracles de la part d’un Gouvernement qui entreprendrait de gérer un processus de consolidation post-conflit de la paix sans disposer préalablement d’une stratégie de sécurité nationale, d’une politique nationale de défense et d’un ensemble de dispositions légales et réglementaires qu’exige une mission aussi complexe qu’un accomplissement cohérent d’une réforme du secteur de sécurité. Ce sont-là des indications précises que les électeurs congolais devraient rechercher dans des projets de société de différents candidats aux présidentielles.

A la veille du Dialogue inter Congolais de Sun City, en tant que patriote, notre modeste personne s’était donnée la peine d’écrire formellement au Ministre Délégué à la Présidence pour lui indiquer certaines observations qui nous amenait à penser que, vue la manière dont elles étaient organisées, il était fort à parier que ces assises du pays de Mandela ne trouvassent pas de réponses indiquées à l’équation sécuritaire congolaise. Et, nous n’avions pas du tout tort dans la mesure ce qu’on y appela abusivement les « mémorandums sur la défense et sécurité » n’étaient qu’une souris que venait d’accoucher une montagne.

En effet, au lieu de plancher sur des approches de définition d’une doctrine militaire, de conception d’une stratégie de sécurité nationale, d’élaboration d’une politique nationale de défense, de conceptualisation du processus DDR, de formation d’une armée républicaine et dissuasive et de réorganisation du dispositif général de défense, ces deux documents assez brouillons mais aux noms très pompeux se limitèrent à effleurer à peine la question de la protection rapprochée des membres du Gouvernement et du Haut-Commandement Militaire de Transition.

Notre modeste personne revient encore à la charge pour souligner que, si d’aventure, les gens continuaient à ne s’intéresser qu’aux seuls noms des individus au lieu d’exiger des prétendants à la Magistrature Suprême des projets de société les mieux adaptés à la carte de vulnérabilité sécuritaire du pays, Joseph Kabila sera beau parti, mais absolument rien n’aura changé pour la simple que, les mêmes causes produisant les mêmes effets, la continuation de l’actuelle incapacité du Gouvernement à réformer le secteur de sécurité aura comme conséquence logique un statu quo sur le front sécuritaire et une absence de toute perspective de stabilité dont le seul mérite sera d’inhiber en permanence un retour des investisseurs crédibles sans lequel la reprise socio-économique, l’amélioration du social et la reconstruction nationale ne seront que de parfaites utopies nationales.

Faustin BOSENGE
Chercheur et essayiste
Coordonnateur de la NPDAC/ONG

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